Interview Ingmar Bergman
RENCONTRES | Numéro 2021-4 Cris et chuchotements
En correspondance avec la parution du volume « Cris et chuchotement » de la Revue française de psychanalyse, vous trouverez ci-dessous un lien vers une video de l’INA la dernière interview d’Ingmar Bergman, datant de 1982. L’interview est contemporaine du tournage de l’avant-dernier film de l’auteur, Fanny et Alexandre. Bergman avait annoncé que ce serait son dernier film. In fine, vingt ans plus tard, en 2003, il réalisera une autre œuvre prodigieuse, Sarabande, testament cinématographique d’une immense humanité.
Les propos que tient Bergman sont éminemment psychanalytiques. Bergman évoque l’intrication de ses souvenirs personnels qui se glissent dans la trame des scénarios et des images. Il évoque « sa mélancolie bien compréhensible » et son urgente sublimation grâce à l’art du cinéma. Face à « la saloperie du monde », l’art du cinéma lui offre « la jouissance et à la joie », afin d’intriquer les forces de la pulsion de mort. Bergman dit chercher à « déchirer la mince membrane de la réalité » afin d’inscrire et de transformer la réalité sur la pellicule du rêve puis de la pellicule cinématographique. « Le cinéma est très proche de nos rêves. Il s’adresse directement au conscient et à l’inconscient ».
Bergman évoque bien sûr « sa fascination des femmes, dès l’enfance », à commencer par la première d’entre-elles, sa mère, inaccessible et froide, puis soudain tendre et aimante. Une mère « dont il n’était jamais sûr » et qu’il « s’efforçait d’étudier inconsciemment », recrutant tous ces sens et par-là, développant son génie. Assurément, Ingmar Bergman est le plus psychanalytique des metteurs en scène du cinéma.
Hirsch; C. De Vriendt, A. Lecoq
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