La Revue Française de Psychanalyse

Vous aimez donc à vivre ?

Vous aimez donc à vivre ?

Entretien avec Brigitte Jaques-Wajeman
à propos de sa mise en scène de Polyeucte de Corneille  

Que savons-nous encore de Polyeucte ? demande Françoise Coblence dans la revue des scènes du numéro d’octobre qui vient de paraître. Des bribes moralisatrices enfermées dans le souvenir de l’ennui lycéen : un hommage convenu aux martyrs chrétiens, la victoire de l’obéissance filiale ou conjugale d’une part, du sacrifice religieux de l’autre sur l’amour humain ? La mise en scène de Brigitte Jaques-Wajeman, la lecture et l’interprétation du texte qu’elle propose en collaboration avec François Regnault, nous mènent résolument très loin de ces clichés.  Françoise Coblence, directrice de la Revue française de psychanalyse, a rencontré Brigitte Jaques-Wajeman. Entretien.

La Revue française de psychanalyse : Comment avez-vous décidé de mettre en scène Polyeucte ? Y a-t-il un lien avec les événements terroristes de 2015 ?

Brigitte Jaques-Wajeman : La décision de monter Polyeucte est liée à ce qui s’est passé à Mossoul, notamment le saccage du musée, les images d’une violence incroyable des djihadistes fracassant à coups de marteaux les statues antiques. Et puis cela continuait avec la destruction systématique irréparable des palais de Palmyre ! J’avais le sentiment qu’après les destructions des personnes, c’est l’âme même qu’ils visaient. J’avais été frappée par les déclarations d’islamistes justifiant leurs destructions et j’ai retrouvé dans Polyeucte des déclarations similaires ou presque. Après plusieurs mises en scènes de Corneille et sur les conseils de François Regnault, j’avais relu Polyeucte. Je craignais de me trouver en face d’une œuvre édifiante, bien-pensante, mais à ma surprise, la pièce m’a paru d’une actualité renversante, et le lien avec les attentats, évident. Il m’a semblé qu’elle pouvait éclairer les récents événements.

En premier lieu, j’ai été éblouie par le personnage féminin, Pauline, la fille du gouverneur romain, Félix ; c’est peut-être, avec Chimène, le plus beau portrait de femme de Corneille, le plus complexe : dès le début de la pièce, on apprend qu’à Rome autrefois, elle a aimé Sévère, un jeune Romain, remarquable mais trop peu fortuné, que son père Félix, pour des raisons sordides, n’a pas jugé digne d’épouser sa fille. Déchirée, mais faisant de son obéissance une loi, elle a quitté Sévère et suivi son père, nommé gouverneur en Arménie. Lorsque la pièce commence, Pauline vient d’épouser Polyeucte, un prince arménien, dont le rang et la fortune flattent l’ambition paternelle ; on croit Sévère mort en héros, après avoir sauvé l’Empereur, lors d’une bataille décisive qui a vu Rome vaincre la Perse. Au cours du récit qu’elle en fait, la passion de Pauline pour Sévère, même mort, reste sensible. « Il possédait mon cœur, mes désirs, ma pensée » (Acte I, Scène 3, 197). Elle vient pourtant d’épouser Polyeucte!

Lorsqu’il apprend que Sévère est vivant, qu’il est devenu le favori de l’Empereur, Félix regrette à grand bruit de l’avoir évincé et craint sa vengeance ! Le public n’en croit pas ses oreilles et rit, lorsqu’il l’entend reprocher à sa fille son trop d’obéissance: « Ah, ma fille, tu m’as trop obéi ! » (Acte I, Scène 4, 331). Il la presse de revoir Sévère, d’user de son charme pour le séduire à nouveau. Ambitieux et lâche, il est prêt à déshonorer sa fille pour s’attirer les grâces d’un homme qu’il a méprisé autrefois et dont le pouvoir, croit-il, le menace. Pauline résiste et finalement cède : « Je crains ce dur combat et ses troubles puissants / que fait déjà chez moi la révolte des sens »! (A I, S 4, 355/56) Consciente, cependant, d’être le jouet de son père : « Oui, je vais de nouveau dompter mes sentiments, pour servir de victime à vos commandements ! » (A I, S4, 363/4)

Avec Polyeucte, Corneille écrit sa pièce la plus charnelle, la plus sensuelle, une pièce telle qu’on n’a pas voulu la voir auparavant

Aussi incroyable que cela puisse paraître aujourd’hui, Pauline a longtemps  été présentée aux jeunes filles, dans les établissements religieux, mais aussi laïques, comme un modèle d’obéissance : soumise à son père, respectueuse de l’ordre moral ! Certes Pauline obéit à son père plus que de raison et l’on peut y voir, aujourd’hui, une sorte de masochisme sacrificiel qui consonne bien avec la religion et la place faite aux filles jusqu’au milieu de XXe siècle; mais en créant cette jeune femme, qui aime, passionnément, deux hommes, Corneille montre surtout la force et l’ambivalence du désir amoureux. Il écrit sa pièce la plus charnelle, la plus sensuelle, une pièce telle qu’on n’a pas voulu la voir auparavant.

 

Rfp : En relisant Polyeucte après avoir vu votre mise en scène, la dimension charnelle et sensuelle de la pièce que vous montrez si admirablement, saute aux yeux, pour ainsi dire. On se demande comment on a pu la lire autrement ! Mais c’est évidemment l’effet de votre regard sur l’œuvre, et sur un auteur que vous connaissez si bien et que vous travaillez depuis des années.

Et quoique le dehors soit sans émotion, le dedans n’est que trouble et que sédition

BJW : Oui, le travail dramaturgique d’abord, puis le travail de répétition avec les acteurs font apparaître les enjeux réels des scènes. Par exemple, Pauline, bouleversée par sa rencontre avec Sévère, qui lui reproche son indifférence, lui répond magnifiquement : « Et quoique le dehors soit sans émotion, le dedans n’est que trouble et que sédition » (Acte II, Scène 2, 503). Ce double vers m’apparaît comme une injonction à l’acteur et au metteur en scène : faire apparaître au dehors ce qui est au dedans des personnages ; dans cette scène, faire voir clairement le désir qu’elle éprouve toujours pour Sévère, cette « révolte des sens » qui s’empare d’elle en sa présence, mais en même temps, la puissance de son amour pour Polyeucte. Car l’audace de Corneille est de montrer une femme qui aime deux hommes. Corneille pose les choses dès le début : Pauline et Polyeucte sont mariés depuis 15 jours. Pauline aime Polyeucte, elle a appris à l’aimer, et se donne à lui sans réserve, même si le vrai grand amour a été et reste Sévère. Elle a reporté son amour pour Sévère sur Polyeucte « Et moi, comme à son lit je me vis destinée, / Je donnais par devoir à son affection/Tout ce que l’autre avait par inclination » (I, 3, 214-216). Dans la mise en scène, alors que Pauline voit Polyeucte lui échapper sans lui dire pourquoi, Stratonice, sa confidente, la rassure et montre le lit défait, comme si elle y voyait les traces de cet amour.  « Polyeucte  pour vous ne manque point d’amour » (I, 3,  136). Corneille connaît bien les femmes, il montre la dimension du féminin dans toute sa complexité, cette dimension, qui est souvent occultée.
Rfp : Et alors que se passe-t-il quand Polyeucte sort des eaux baptismales ?

 

BJW : Le baptême a lieu hors scène entre le premier et le deuxième acte. Que s’est-il passé ? Il y a un avant et un après le baptême. Avant, Polyeucte est un jeune homme charmant, à la fois attentif à sa femme, et troublé par elle. Néarque, son mentor, qui le pousse au baptême, craint l’influence de Pauline et la désigne comme le diable en personne. On entend dès le début que Polyeucte, s’il jouit de son récent mariage, se sent prisonnier de ce désir et qu’il faudra qu’il s’en arrache. C’est très cornélien cela, et c’est là que Néarque, qui veut l’arracher à sa femme, arrive à l’emporter ! Polyeucte quitte Pauline, sans révéler les raisons de son départ précipité. Le baptême a lieu et Polyeucte revient, exalté, fou de certitudes. Dans un dialogue serré avec Néarque, Polyeucte, au nom du Dieu unique qui vient de lui être révélé, invite son ami à détruire ce qu’il appelle « les idoles » romaines et à mourir en martyr. « Vous voulez donc mourir ? », lui demande Néarque, interloqué; et la réponse de Polyeucte fait froid dans le dos : « Vous aimez donc à vivre ? » (A II, S 6) Cette réponse a déterminé très précisément ma décision de monter la pièce.

A partir de ce moment, Polyeucte se voue à la mort avec une allégresse inquiétante. Il est complètement transformé, fanatisé : Au troisième acte, Stratonice, qui a assisté au saccage, décrit ses insultes, ses emportements, ses menaces puis la destruction au nom du Dieu unique et triomphant (III, 2).

Que s’est-il passé pour que, d’un coup, Polyeucte se dise, c’est là qu’est ma jouissance, et nulle part ailleurs, dans le rapport à Dieu et en allant au plus vite vers la mort ?

Rfp : Toutefois la conversion brutale de Polyeucte ne reste-t-elle pas un peu énigmatique ?

BJW : L’acte IV est révélateur : Polyeucte dit à Pauline, qui tente de le ramener à la vie, que le martyre, qu’il espère, lui promet « Un bonheur assuré, sans mesure et sans fin/Au-dessus de l’envie, au-dessus du destin. » (Acte IV, Scène 3, 1193-1194).

Plus loin, parlant de Dieu, il dit « Du premier coup de vent, il me conduit au port, /En sortant du baptême, il m’envoie à la mort. /Si vous pouviez comprendre et le peu qu’est la vie/Et de quelles douceurs cette mort est suivie ! » (IV, 3, 1230-1232). C’est une jouissance à nulle autre pareille. Ce sont des mots terribles, insupportables.

Rfp : Polyeucte a été choisi en sortant du baptême ?

BJW : Oui, il y a quelque chose qui s’est passé là, une dimension mystique violente.

Rfp : Pourrions-nous parler du mépris que ressent Pauline quand elle dit à Polyeucte : « C’est donc là le dégoût qu’apporte l’hyménée ? /Je te suis odieuse après m’être donnée ! (Acte IV, Scène 3,  1251-1252) ?

BJW : Pauline lui donne une interprétation quasi analytique de son comportement. Corneille ose mettre le doigt sur quelque chose qu’elle ressent et qui est probablement vrai. C’est d’une audace incroyable ! Polyeucte éprouve trop de jouissance avec cette femme, il le dit dès les premiers vers à Néarque : « Mais vous ne savez pas ce que c’est une femme /Vous ignorez quels droits elle a sur toute l’âme, /Quand, après un long temps qu’elle a su nous charmer, /Les flambeaux de l’hymen viennent de s’allumer. » (Acte I, Scène 1, 9-12). Ensuite il va au ruisseau du baptême pour se laver, devenir tout propre, tout blanc, retrouver une virginité et faire couple avec Dieu, avec lui-même.

C’est Dieu ou la femme

On voit ce couple également dans Claudel.

Rfp : Quelle est l’importance du couple Polyeucte – Néarque dans la radicalisation de Polyeucte ? On évoque souvent aujourd’hui dans la radicalisation l’importance des frères qui s’entraînent les uns les autres. Une espèce de surenchère.

BJW : Néarque est dépassé par son élève. Néarque a aidé à convertir Polyeucte, l’a traîné au baptême et quand Polyeucte revient, Néarque s’inquiète de son fanatisme. Polyeucte le pousse dans ses retranchements, Néarque est gagné, comme par contamination d’une jouissance si forte. Dans leur premier échange, Polyeucte, que Néarque pousse à se séparer de sa femme pour se rapprocher de Dieu, demande : « Pour se donner à lui, faut-il n’aimer personne ?» (I, 1, 69). À quoi Néarque répond, ce que Polyeucte va  lui rappeler après : « Il faut ne rien aimer qu’après lui, qu’en lui-même,  Négliger, pour lui plaire, et femme, et biens, et rang. / Exposer pour sa gloire et verser tout son sang.» (I, 1, 74-76). Ces vers, Polyeucte va les intérioriser et les rappeler à Néarque, qui hésite à le suivre dans la voie du martyre. Et puis il y a ce côté cornélien, je veux être le meilleur, comme Horace : Quel destin merveilleux m’attend! On ne peut pas me demander plus fort. Je serai exceptionnel, à côté de Dieu, je  ne ferai plus qu’un avec lui. Il y a tout cela, mêlé à la question de la femme, aux rapports amoureux, qui le bouleversent, auxquels Néarque veut l’arracher.

La compréhension qu’a Corneille de ces processus est extraordinaire. J’avais monté La Place Royale où Alidor, un jeune homme, sur le point de se marier, s’arrache à l’amour qu’il a pour Angélique, qu’il s’apprête à épouser. Cette décision le fait souffrir, mais il considère que cet amour l’occupe trop et veut retrouver sa liberté, pour en faire on ne sait trop quoi. Son ami, Cléandre, qui est amoureux de la jeune fille, lui dit dans une première scène très belle entre les deux garçons : « Crains-tu de posséder un objet qui te charme ? » (Acte I, scène 4). Plus tard, la jeune fille lui donne une interprétation du même ordre que celle de  Pauline : « Alidor (quel amant !), n’ose me posséder. » (Acte IV, scène 6). Corneille tourne, avec une justesse incroyable, dès les premières pièces, autour de la sexualité, de l’angoisse qu’elle suscite. Dans La Place Royale, l’ami lui dit, bon tu la quittes, je peux la prendre alors, puisque je l’aime beaucoup ? Oui je te la donne, répond Alidor, heureux à l’idée qu’elle soit entre les mains de son ami, de cet « autre lui-même », comme il dit. De même, Polyeucte voudra donner sa femme à Sévère dans une scène très ambiguë !
Rfp : Mais dans Polyeucte, l’amour se confronte au martyr, les deux se combinent. Quand Polyeucte exhorte Pauline : « Au nom de cet amour, daignez suivre mes pas », Pauline lui répond : « C’est peu de me quitter, tu veux donc me séduire ? » (Acte IV, Scène 3, 1282-1283). À travers Pauline, Corneille nous fait passer de la séduction amoureuse à la séduction du maître, à la fascination hypnotique ; il comprend parfaitement le passage à l’idéal – chrétien en l’occurrence -, et mortifère. La résonance avec la radicalisation et les massacres récents est sidérante.

BJW : Une sorte de folie gagne tous les protagonistes. L’exaltation du baptême de sang  a quelque chose d’effrayant ! Je voulais intituler le spectacle : « Polyeucte, Un baptême de sang », et, sur l’affiche, représenter Pauline ensanglantée, mais cela aurait été insupportable au public, les attentats avaient eu lieu trop peu de temps auparavant ! Cependant je voulais que le public entende, à s’en boucher les oreilles, le bruit épouvantable que font les massues de Polyeucte et Néarque, lorsqu’ils s’attaquent aux statues. Sur le frontispice de la pièce du XVIIe siècle, on voit ces mêmes massues !

Rfp : Comment vous est venue l’idée d’utiliser le texte de Nietzsche à la fin de la pièce ?  Ce rapprochement est extraordinaire. Il donne à Polyeucte  une autre dimension, la dimension de la maladie de l’idéalité, du ressentiment chrétien, du mépris de la vie, tous ces thèmes nietzschéens. Quand on lit la pièce, la fin est un peu décevante : Sévère se fait protecteur des chrétiens, Félix a le dernier mot (« Allons à nos martyrs donner la sépulture […] Et faire retentir partout le nom de Dieu. »). Vous avez réécrit la dernière tirade de Sévère en lui donnant le dernier mot, et en remplaçant la fin de sa tirade par un paragraphe de L’Antéchrist de Nietzsche.

BJW : C’est François Regnault qui m’a apporté ce texte admirable de Nietzsche. La fin de la pièce a toujours posé un problème aux lecteurs comme aux metteurs en scène. On n’arrive pas à croire que ce personnage grotesque qu’est le père se convertisse sincèrement. On a l’impression que ces conversions multiples et les longs discours vantant la religion, sont des gages que Corneille donne au parti catholique, car à son époque traiter d’un fait religieux au théâtre n’est pas bien vu. Sévère reste heureusement en dehors. Sympathique et tolérant, « J’approuve cependant que chacun ait ses dieux », nous avons désiré qu’il ait le mot de la fin. J’ai voulu montrer que Pauline se bat jusqu’au bout pour empêcher son époux de se faire tuer, mais il réussit à obtenir ce qu’il voulait, mourir en martyr. L’exécution de Polyeucte a lieu hors scène. Et lorsqu’elle revient, Pauline apparaît couverte de sang. Le baptême du sang a eu lieu, elle est convertie ! Cette conversion m’a toujours semblé un saut dans la folie et c’est comme cela que je la traite ! La dimension du sacrifice, du sang dans la religion me paraît quelque chose d’effroyable. Et les événements d’aujourd’hui le montrent assez ! La conversion du père, si peu crédible, est traitée comme une sorte de contamination hystérique. J’ai voulu montrer à la fois la contamination et une forme de désespoir absolu chez Pauline : Polyeucte est mort, sa relation à Sévère est à jamais barrée, tout finit mal. Finir avec ce texte magnifique de Nietzsche  nous a semblé nécessaire comme un dernier moment de lucidité sur aujourd’hui et les effets du fanatisme.

Le sang est un poison qui change la doctrine la plus pure en délire, en haine des cœurs… Nietzsche

Rfp : Quand on voit la pièce, on ne sait pas forcément que c’est Nietzsche qui conclut, cela vient très naturellement…

BJW : Certains spectateurs nous disent : mais il est quand même très en avance ce Corneille !

Il  n’y a que  les martyrs pour être sans pitié ni crainte. Croyez-moi, le jour du triomphe des martyrs, c’est l’incendie universel – Lacan

Rfp : Dans le programme, vous citez aussi une phrase de Lacan, dans son commentaire de l’Antigone de Sophocle: « Il  n’y a que  les martyrs pour être sans pitié ni crainte. Croyez-moi, le jour du triomphe des martyrs, c’est l’incendie universel » (Lacan, Le Séminaire, VII, L’éthique de la psychanalyse, Paris, Seuil, 1986, p. 311). Vous montrez l’incendie universel à la fin de la pièce et vous donnez à Polyeucte une dimension qui transcende d’une certaine manière la pièce de Corneille.

BJW : C’est aussi François Regnault qui a trouvé ce texte terrible, lumineux, de Lacan. Sensibilisée par une longue vie de théâtre et sans doute par la psychanalyse, j’essaie d’être attentive autant à ce qui se dit dans un texte, qu’à ce qui s’éprouve mais ne se dit pas. Il y a parfois des pièces qui retrouvent une actualité, après avoir disparu pendant des siècles ; elles reviennent incroyablement vivantes et nous éclairent. C’est le cas de Polyeucte, aujourd’hui. Le public a été touché par la pièce, parce que la religion y apparaît dans sa forme la plus brutale et la pulsion de mort avec elle.

Comme on sait, j’ai monté beaucoup de pièces de Corneille, parce qu’il parle à notre temps. On en a fait un sinistre moralisateur, mais il est tout le contraire. Il passe son temps à montrer la révolte des enfants contre des pères qui abusent de leur autorité, la résistance et le courage des femmes contre le sort humiliant qui leur est fait, la jouissance obscène et la corruption du pouvoir. Il révèle dans chacune de ses pièces, l’ambivalence du désir amoureux. C’est ce Corneille, peu connu, mal enseigné, que j’ai toujours voulu montrer.

 

Polyeucte de Corneille
Mise en scène de Brigitte Jaques-Wajeman
Compagnie Pandora

Théâtre des Abbesses, janvier-février 2016 puis reprise :
du 6 Février 2018  au 7 Février 2018 : Théâtre de Montansier à Versailles
du 13 Février 2018  au 13 Février 2018 : Le Parvis à Tarbes
du 10 Mars 2018  au 10 Mars 2018 : Théâtre de Saint-Michel-sur-Orge
du 14 Mars 2018  au 15 Mars 2018: Comédie de l’Est à Colmar
du 21 Mars 2018  au 23 Mars 2018 : Théâtre de la Renaissance à Oullins
du 29 Mars 2018  au 29 Mars 2018 : Centre d’Art et de Culture de Meudon
du 3 Avril 2018  au 3 Avril 2018 : Ferme du Bel-Ebat
du 5 Avril 2018  au 5 Avril 2018 : Théâtre des Sablons à Neuilly
du 7 Avril 2018  au 7 Avril 2018 : Théâtre de Maisons-Alfort
du 11 Avril 2018  au 12 Avril 2018 : Théâtre Firmin Gémier à Chatenay Malabry

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Crédits photo
© Cosimo Mirco Magliocca