La Revue Française de Psychanalyse

88-5 Résumés des articles

88-5 Résumés des articles

THÈME : S’IDENTIFIER

 

Hélène Suarez Labat – Les voies identificatoires : entre douleur et satisfaction

RÉSUMÉ – Le travail des identifications a traversé l’œuvre de Freud qui a perçu la pluralité des « personnes psychiques engagées dans l’identification ». Freud a introduit plusieurs voies identificatoires : identifications narcissiques, hystériques, mélancoliques. Les voies fondatrices empruntées par l’identification sont doubles : l’incorporation immédiate d’un lien affectif à une personne, source d’une expérience de satisfaction, produit des inscriptions des traces mnésiques perceptives, une deuxième voie donne accès à l’hallucination de satisfaction promoteur du désir. À l’opposé, l’expérience de la douleur psychique porte les traces de l’effraction et de l’objet qui se dérobe, elle brouille les frontières, rejaillit dans le contre-transfert sur un mode spécifique. Ces traces d’expériences différentes engagent dans la cure un travail de reconnaissance des traces que nous nommons archives intérieures. Analyser la contrainte à s’identifier conduit à nous interroger sur la construction des nouvelles formes des voies identificatoires dans la cure.

MOTS-CLÉS – identifications primaires et secondaires, hystéries, mélancolie, après-coup, érogénéité, archives intérieures.

François Hartmann – Discussion du rapport d’Hélène Suarez-Labat

RÉSUMÉ – L’auteur témoigne du trajet qu’il a accompli tout au long de sa lecture du rapport d’Hélène Suarez-Labat. D’une pensée qui lui semblait totalement étrangère, concevoir l’identification primaire à partir d’un modèle basé sur l’autisme, son parcours l’amène à éclairer certaines questions qui, pour lui, étaient restées en suspens dans sa pratique clinique. Il s’arrête en particulier sur la place du regard pour penser les échecs d’un passage entre fauteuil et divan tout en interrogeant Hélène Suarez-Labat sur le peu de place qu’elle accorde au langage. Dans ce parcours, l’auteur amène à se questionner, à travers la clinique de Charles et Rosalie centrée sur la question du regard et de l’acte moteur, sur les rapports entre objet, transfert et identification. L’interprétation introduit une ouverture qui permet de dépasser une distinction trop formelle entre identification hystérique et identification narcissique.

MOTS-CLÉS – identification primaire, regard, autisme, interprétation, échec.

Claude Barazer – Être l’autre

RÉSUMÉ – « S’identifier » fait référence à ce que tout un chacun, dès le premier jour, peut trouver chez l’autre, attendre de l’autre, pour se constituer dans sa singularité de sujet pensant, désirant, agissant. Pour le meilleur et pour le pire. La psychanalyse s’intéresse à la nature de ces « emprunts », en particulier dans leur composante inconsciente et à la diversité de leurs inscriptions psychiques. « Pluralité des personnes psychique » : formule que l’on trouve chez Freud dès 1896. La complexité et la subtilité des processus identificatoires et de leurs multiples modes d’expression, tel que Freud les a dégagés de différents contextes (hystérie, rêves, mélancolie, constructions des instances, lien social, comique, deuil, etc.), contrastent avec la promotion contemporaine de discours de certitudes fondées sur une confiance aveugle dans le manifeste d’affirmations identitaires réductrices censées témoigner à elles seules de la vérité d’un « qui je suis ». Nos moi sont des figures composites, faites des traces laissées par nos passions passées et présentes comme autant de tentatives de composer avec ce que l’altérité nous impose au fil du temps : différence, perte, inconnu, renoncement, assignations. Illusion de pouvoir « être l’autre ». Ce sont les différents traitements psychiques auxquelles répondent ces compositions avec l’altérité (refoulement, déni, forclusion) qui commandent leur destin psychique.

MOTS-CLÉS – figures composites, emprunts, traits uniques, identifications hystériques/narcissiques, masse, suggestions, destin.

Sylvia Cabrera – Discussion du rapport de Claude Barazer : « Être l’autre ? »

RÉSUMÉ – Discussion détaillée du rapport de Claude Barazer tel qu’il est paru dans le Bulletin du CPLF 2024. Alors que l’analyse des élaborations freudiennes sur l’identification hystérique sont riches, subtiles et perspicaces, une certaine réticence à suivre les propositions freudiennes sur le processus mélancolique et les identifications narcissiques est remarquée. Le peu d’importance donné à la participation des réponses de l’objet, et donc de l’analyste, dans les processus identificatoires, est interrogé. Le rôle des identifications dans la constitution des instances, comme dans la résolution du complexe d’Œdipe, au cœur de la deuxième topique, est peu développé. À propos des identifications, l’auteur propose d’opposer le modèle hystérique au modèle narcissique, plutôt qu’au modèle mélancolique. L’identification mélancolie ne serait qu’une des formes de l’identification narcissique.

MOTS-CLÉS – identification hystérique, identification narcissique, mélancolie, rôle de l’objet, désidentification.

Julia-Flore Alibert – Les jeux d’identifications croisées dans les cures d’enfants

RÉSUMÉ – À travers la description d’ un cas clinique d’enfant et d’un accident de séance, l’auteur montre comment les processus d’identification croisée interviennent à plusieurs niveaux dans les cures d’enfant : tout d’abord entre l’analyste et les parents pour établir une alliance thérapeutique indispensable à la réalisation de la cure, puis entre l’analyste et l’enfant dans le travail intrinsèque des séances, où peuvent se rejouer les identifications primaires et archaïques, mais aussi entre l’enfant, ses parents et le monde extérieur dans les consultations thérapeutiques.

MOTS-CLÉS – alliance thérapeutique, identification primaire, identifications croisées, cure d’enfant, accident de séance, destruction, réparation, incorporation.

Christine Franckx – Du théâtre externe des premiers liens à l’objet réel au théâtre interne : entre identification et désidentification

RÉSUMÉ – Le rôle des identifications primaires, héritières des premiers liens avec l’objet primaire de soin, est discuté dans sa participation à la construction intrapsychique. L’auteure s’appuie essentiellement sur les théories de relation d’objet pour montrer comment précocement un terrain de jeu s’ouvre à l’identification et la désidentification. C’est donc au travers du contact corporel avec la mère que le bébé rencontre le monde extérieur et qu’il construit intérieurement des structures psychiques d’où émerge une vision subjective de la vie externe et de tout ce qui s’y passe. La géographie du monde extérieur deviendra une cartographie intrapsychique et le décor du théâtre interne.

MOTS-CLÉS – Identifications primaires, objet primaire externe, géographie interne, enveloppe psychique, objet de l’arrière-plan, fonction du regard.

Michel Granek – Pénélope au travail : identification et désidentification

RÉSUMÉ – L’identification est un processus à double tranchant : inéluctable pour la formation de la personnalité et de l’identité, il peut donner lieu à des identifications aliénantes ou contraignantes, d’où la nécessité d’un travail permanent d’identification et de désidentification. Faut-il parler d’un désir ou d’une pulsion d’identification primaire ?

MOTS-CLÉS – identification, contraignante, aliénante, désidentification, désir, pulsion.

Nathalie Zilkha – S’identifier et se désidentifier. Quelques figures de ce travail et de ses achoppements

RÉSUMÉ – S’agissant du travail analytique, il est utile d’articuler identification et désidentification, s’identifier et se désidentifier, c’est-à-dire de prendre en compte aussi les achoppements du travail de remaniement identificatoire. Dans ce contexte, l’auteur porte ici un intérêt particulier aux identifications aliénantes et aux imagos, et souligne le potentiel considérable de la répétition agie de transfert pour en soutenir le déploiement et les remaniements.

MOTS-CLÉS – identification, désidentification, identification aliénante, imago, répétition agie, transfert.

Didier Houzel – À propos de la confusion des langues, identification projective, fonction contenante

RÉSUMÉ – La confusion des langues entre enfant et adulte décrite par Ferenczi peut s’analyser, de nos jours, à la lumière des travaux de Jean Laplanche sur la séduction généralisée et les messages énigmatiques. Elle peut aussi se comprendre, dans une référence post-kleinienne, en termes de confusion de zones et de modes telles que Donald Meltzer les a repérées dans l’analyse de patients psychotiques ou borderline ou encore dans l’analyse d’enfants profondément régressés. Ces confusions mélangent les zones érogènes et leurs modes de fonctionnement dans les relations d’objets partiels, et de ce fait empêchent la fonction contenante de fonctionner de manière adéquate.

MOTS-CLÉS – messages énigmatiques, confusions de zones, relation d’objet partiel, bisexualité psychique.

Luis J. Martin Cabre – Une contribution ferenczienne : le concept d’intropression

RÉSUMÉ – L’auteur présente l’évolution de la conception ferenczienne de l’introjection, qui atteint son apogée dans son ouvrage sur la Confusion des langues et dans quelques notes de son Journal clinique. L’une d’elles fait référence à la notion d’intropression, qui décrit non seulement les effets dévastateurs de la violence et ses effets traumatisants, mais aussi une manière particulière de concevoir la pratique analytique.

MOTS-CLÉS – confusion de langue, identification à l’agresseur, identification mélancolique, intropression, traumatisme.

Alper Sahin – La fonction contenante de la bisexualité psychique

RÉSUMÉ – Ce texte se propose de discuter la bisexualité psychique comme fonction contenante contre la confusion de langue entre l’enfant et l’adulte, surtout pour les patients somatisants. Cet argument est éclairé par une référence à deux fresques byzantines et deux vignettes cliniques.

MOTS-CLÉS – bisexualité psychique, fonction contenante, confusions de langue, somatisation, Khora.

Amélie de Cazanove – Cartographie des presqu’îles

RÉSUMÉ – Comment pouvons-nous réfléchir avec la conception psychanalytique des identifications à la bisexualité psychique dans la clinique des adolescent(e)s en transition ? Le contournement des jeux identificatoires et de la vie fantasmatique associés à la massivité de l’angoisse semble témoigner de la dimension traumatique.

MOTS-CLÉS – adolescence, transidentité, scène primitive.

Teresa Olmos de Paz – Pour introduire la discussion sur la bisexualité psychique et la question de l’identité

RÉSUMÉ – Les processus d´identification structurent le sujet qui traverse des vicissitudes complexes tout au long de son parcours. L´identité sexuelle se positionne du côté du moi et l´identité de genre ne suffit pas à recouvrir l´identité sexuelle. Les notions de « diversité » et de « différence » tendent à rendre compte du traitement par lequel le genre s´articule dans la différence anatomique.

MOTS-CLES – identification, sexualité, féminin-masculin, diversité, différence.

Louis Brunet – Face à la perte. Renversement et déni de l’objet

RÉSUMÉ – L’identification mélancolique peut être une solution trop coûteuse, source d’une souffrance intolérable. Pour s’en protéger, certains développent une solution « centrifuge », expulsant l’objet puis le détruisant plutôt que de le conserver dans le moi. Par un renversement du passif en actif de la perte, c’est le sujet qui fait disparaître l’objet, y compris dans le transfert. Il s’agit alors de désinvestir l’objet, de désobjectaliser le monde, expression de la pulsion de mort telle que décrite par André Green, comme évitement ultime de la souffrance. Dans ces cas, le transfert par retournement devient aussi une façon de faire vivre la disparition à l’analyste.

MOTS-CLÉS – transfert par retournement, destructivité, pulsion de mort, déni, identification.

Catherine Chabert – Dis-moi qui tu aimes, je te dirai qui tu es…

RÉSUMÉ – Les identifications sont ancrées à la perte sur le mode du deuil ou de la mélancolie, c’est une évidence freudienne mais une bascule projective peut advenir dans l’analyse : comment la projection est-elle à l’œuvre ? En deçà des identifications aux objets perdus ou abandonnés, l’actualisation du masochisme dans la dynamique du transfert est susceptible de mobiliser des identifications aux objets menaçants ou persécutants de la séduction et de la jalousie, contribuant eux aussi à la construction du moi.

MOTS-CLÉS – identification, perte, projection, jalousie, masochisme, mélancolie.

Maurice Khoury – L’identification mélancolique : une secrète opération

RÉSUMÉ – Dans ce texte, l’auteur discute quelques développements issus de deux sujets traités dans le congrès. Dans la première partie, il traite des destins et prolongements externes de l’objet mélancolique incorporé qui désormais commence à être « nommé », alors que préalablement secrètement dissimulé. Dans la deuxième partie, et face à la perte des repères identificatoires – exemple des crises répétées survenues au Liban au fil des années –, il dégage deux destins possibles : la subsidence, ainsi que le développement temporel d’un sujet réciproque en action, qui remanie favorablement un destin des plus funestes.

MOTS-CLÉS – mélancolie, incorporation, secret, subsidence, développement temporel.

Zoé Andreyev – Meurtre(s) sur l’Acropole

RÉSUMÉ – À travers une mise en regard du texte autobiographique de Freud, « Un trouble du souvenir sur l’Acropole » (1936), et de l’article « Se construire un passé », de Piera Aulagnier (1989), l’auteur explore les différentes strates identificatoires qui émergent dans les associations du vieux Freud, en mettant l’accent sur celles qui concernent l’adolescent et le jeune adulte. C’est aussi l’histoire de la psychanalyse, depuis sa naissance jusqu’à l’inquiétude de son inventeur quant à son avenir, qui transparaît dans ce texte extrêmement condensé.

MOTS-CLÉS – identification, désidentification, Sigmund Freud, Piera Aulagnier.

Gilbert Diatkine – Une parcelle d’originalité

RÉSUMÉ – Nous nous distinguons de l’objet avant d’avoir le sentiment de notre identité personnelle. Une fois acquis, ce sentiment ne fait presque jamais de doute. D’où provient cette certitude ? Freud l’attribue au moi. Hartmann au Self et au processus de maturation du moi. Winnicott à ce qu’il appelle « l’être ». La notion « d’archives intérieures d’identifications » proposée par Hélène Suarez-Labat résout mieux ce problème. Ces archives sont constituées par les systèmes de traces mnésiques décrits par Freud.

MOTS-CLÉS – identité, sentiment d’identité, Self, pulsion primaire d’agression, être.

Martine Girard – Prendre l’autre en soi ou être l’autre ? Being and Doing

RÉSUMÉ – L’auteure met en perspective les deux rapports autour d’ambiances d’identifications scientifiques ou intimes, manifestes ou en creux, propres à chacun : le Freud de l’exil, âgé et collectionneur pour Suarez-Labat surplombant sa clinique de l’autisme, le jeune Freud des lettres à Fliess pour Barazer et la clinique des psychoses. Elle en vient à interroger l’identification primaire au père avec Winnicott lisant le Moïse, avant de repréciser, entre père et mère, la dimension la plus élémentaire du being winnicottien.

MOTS-CLÉS – archives, identification primaire, identification au père, being, Winnicott.

Tessa Hadjiyanni-Stephanatou – Pour introduire une discussion sur l’être en psychanalyse

RÉSUMÉ – L’auteur s’interroge sur le statut de l’être (being) en psychanalyse. Comment concevoir un sentiment de soi, alors que le moi ne se constitue que progressivement, et présuppose une séparation d’avec les premiers objets? Le rôle des identifications multiples est ici souligné. Le terme de being indique un mouvement, et non pas un état statique et définitif, qui construit progressivement son histoire, y compris son passé.

MOTS-CLÉS – être (being), identification, identité, histoire (personnelle).

COMMUNICATIONS

Gilles Ambresin – Rêver l’identification

RÉSUMÉ – « C’est l’acte même de rêver qui accomplit l’identification » (Barazer, 2023, p. 133). Cette phrase recèle un double sens. Le premier révèle que le rêve illustre et identifie le précipité identificatoire sédimenté dans le moi. Le deuxième suggère que le rêve développe et poursuit une tentative de représentation des identifications. Cette contribution illustre cette hypothèse en s’appuyant sur le rêve du petit squelette partagé par Marie Bonaparte dans « Identification d’une fille à sa mère morte ».

MOTS-CLÉS – identification psychologie, rêve, Bonaparte.

Bernard Bensidoun – Le serin, l’exil et la mélancolie

RÉSUMÉ – L’auteur remarque que l’exil londonien de Freud n’est pas le premier, et qu’il suit au contraire le fil d’un travail de mélancolie débuté depuis la petite enfance. Freud ayant été confronté à une mère morte selon le point de vue d’André Green tentera tout au long de sa vie d’inscrire l’irreprésentable et l’impensable absence de l’objet. Le travail de mélancolie passera par des opérations d’après-coup comme le souvenir-écran, ainsi que la collection de statues qui le conduira vers des identifications mélancoliques dans un ultime travail de mélancolie.

MOTS-CLÉS – mère morte, travail de mélancolie, identifications mélancoliques.

Élisabeth Birot – Être et ne pas être Brutus

RÉSUMÉ – Cet article prolonge les échanges avec L. Stocker, comédien, lors du CPLF. Les processus identificatoires qui permettent à l’acteur d’incarner son rôle sont revisités successivement à partir d’un rêve de Freud, non dixit, et d’une scène de répétition théâtrale en prison, filmée par les frères Taviani. Le jeu du rêve comme le jeu théâtral, nourris de sensorialité, traitent la mise en déséquilibre pulsionnelle du rêveur et celle, nécessaire, de l’acteur.

MOTS-CLÉS – processus identificatoire, dramatisation, rêve, comédien, sensorialité, rythme.

Guy Cabrol – S’identifier ?… à…l’agresseur

RÉSUMÉ – L’étrangeté de l’identification à l’agresseur est d’être un mécanisme paradoxal de survie du moi quand les expériences de douleur l’emportent sur celles de plaisir. Les capacités contenantes sont débordées par des attaques destructrices paradoxales et ambiguës de la psyché dans le monde externe et/ou dans le monde interne mettant au défi le contre-transfert de l’analyste. Ce travail d’écriture en après-coup témoigne des restes contre-transférentiels archivés dans sa mémoire en résonance avec des échos sociétaux.

MOTS-CLÉS – identification à l’agresseur, identification aliénante, s’identifier, contre-transfert paradoxal, Ferenczi.

Bernard Chervet – L’identification au tangible et le travail de manque

RÉSUMÉ – L’acte de s’identifier est mu par la nécessité de traiter la tendance extinctive de toute pulsion. Il permet d’installer les processus psychiques indispensables pour réaliser les diverses fonctions psychiques. L’identification à l’impératif de renoncement est au principe de toutes les identifications, hystériques, narcissiques et anti-traumatiques. Toutes sont le lieu d’un conflit, entre s’identifier par reconnaissance du manque et s’identifier afin de dénier le manque. L’identification participe du travail de manque.

MOTS-CLÉS – transposition, identification à l’impératif processuel, identification hystérique, identification narcissique, identification anti-traumatique.

Viviane Chetrit-Vatine – S’identifier… Juif. Freud et les origines féminines maternelles de son identité juive

RÉSUMÉ – En amont de l’identité juive de Freud et de son sentiment indicible d’appartenance au peuple juif derrière son amour de l’humour juif, hérité de son père, j’ai proposé que se cachait le féminin maternel. De façon plus générale, toute transmission consciente et inconsciente impliquant un processus identificatoire dès le départ de la vie, il s’agira de prendre en considération non seulement les identifications aux adultes signifiants, mais encore les identifications conscientes et inconscientes par ces adultes mêmes.

MOTS-CLÉS – féminin maternel, identification à, identification par, identité juive, identité intime, origines, transmission.

Dominique Cupa – Processualité identificatoire dans la cure et scènes primitives

RÉSUMÉ – Cette réflexion porte sur une des voies identificatoires que propose Hélène Suarez Labat dans son rapport. Elle concerne le fantasme originaire de scène primitive, la place qui prend l’érogénéité et son potentiel d’affects. Lorsque la scène primitive est représentable, elle permet de comprendre dans le processus transféro-contre-transférentiel la scénographie qui se travaille dans l’analyse, comment le patient identifie son origine, comment se déploient ses identifications, ses identifications à l’érotisme adulte et ses représentations des relations entre ceux qui l’ont conçu.

MOTS-CLÉS – identification, identification primaire, scène primitive, auto-érotisme.

Michail Dimitrakopoulos – Charles et l’identification primaire

RÉSUMÉ – L’auteur se propose d’interpréter la cure de Charles en se référant uniquement à la métapsychologie freudienne. Dans cette perspective, l’intérêt incontestable du modèle de l’identification mélancolique pour la compréhension des manifestations dépressives du patient cède le pas à celui de l’identification primaire. Le dialogue intime, quoique conflictuel, entre les deux modèles identificatoires, met en évidence l’exigence (surmoïque) de cohérence interne qui est inhérente aux grandes métapsychologies héritées, à commencer par celle de Freud.

MOTS-CLÉS – identification hystérique, identification mélancolique, identification œdipienne, identification primaire, métapsychologie, voie identificatoire.

Riccardo Galiani – Identifications et pluralité (bi)sexuelle de l’inconscient

RÉSUMÉ – J’essaie de prolonger la réflexion autour des questions posées par de Cazanove et Perelberg au sujet du rapport entre la bisexualité et les composantes sexuelles et de genres de la formation d’une identité. À partir d’une rencontre clinique ratée, je vois dans la « thèse de la bisexualité psychique » l’opérateur fondamental de la pluralité inconsciente, c’est-à-dire de la multiplication des identifications sexuelles. À l’arrière-plan se profile le trajet freudien du rapport de Barazer.

MOTS-CLÉS – identité, genre, bisexualité, identification sexuelle.

Hélène Hinze – Mourir en séance

RÉSUMÉ – L’auteur met en scène le parcours d’une patiente qui, submergée par un deuil et sous l’effet de la régression, retrouve ses objets œdipiens avec leurs attaches érotiques incestueuses. Mourir en séance serait à la fois « une mauvaise blague » à faire à l’analyste et un destin identificatoire et de rencontre œdipienne : ce serait mourir dans les bras de son analyste. À travers cette séquence, l’auteur met en scène la puissance des premiers objets jamais totalement désexualisés.

MOTS-CLÉS – recours aux identifications œdipiennes, attaches érotiques infantiles, surmoi, représentations, désidentification(s).

Yannick Milleur – Destins des identifications protomélancoliques dans la cure. À partir de la pensée de Jean-Claude Rolland

RÉSUMÉ – Le concept de « protomélancolie » de Jean-Claude Rolland permet de penser un large spectre d’affections et de situations tragiques ou sans issues. L’Œdipe primaire en est l’envers. Il rend le transfert risqué et mobilise le refus de guérison. L’auteur propose ici l’idée qu’une identification de l’analyste à la part vivante des objets mélancoliques du patient initiera le jeu d’identifications réciproques qui assure la viabilité de la thérapie, ouvrant à un autre destin.

MOTS-CLÉS – mélancolie, protomélancolie, identification mélancolique, Jean-Claude Rolland, Œdipe primaire, refus de guérir.

Brindusa Orasanu – Sortir d’une voie identificatoire non processuelle

RÉSUMÉ – L’article trouve chez les deux rapporteurs, H. Suarez-Labat et C. Barazer, même si de façons et expressions différentes, la même attention pour la manière où l’identification apparaît comme ayant ou non un caractère processuel. On remarque un supplément de références au contre-transfert dans le premier rapport (fait qui offre à l’article l’occasion d’une vignette clinique) et un supplément d’approches, dans le second rapport, sur les paradoxes donnés par le caractère inconscient de l’identification.

MOTS-CLÉS – identification, processuel, adhésif, projectif, réfléchi, contre-transfert.

Dana Pamfile – Le prénom et ses fonctions dans les identifications de genre

RÉSUMÉ – Dans la continuité de la table ronde « Bisexualité psychique et identités », et en s’appuyant sur les élaborations des rapporteurs, cet article s’intéresse aux processus identificatoires à l’œuvre dans les constructions transidentitaires. Pour ce faire, nous explorons le prénom dans sa fonction de message énigmatique vecteur d’assignations de genre, en illustrant comment, dans certaines situations, la transidentité et l’auto-nomination qui en découle relèvent d’une solution psychique subjectivante.

MOTS-CLÉS – prénom reçu, transidentité, message énigmatique, identification de genre, identification au prénom.

Régine Prat – S’identifier et attendre de l’autre : la violation de l’attente

RÉSUMÉ – l’analyse clinique de résultats de recherche développementale (Meltzoff) nous permet de concevoir un bébé disposant à la naissance d’un moi prénatal, lui permettant de s’identifier d’abord lui-même, puis de s’identifier à l’autre. La représentation de modèles d’attente dans la relation constituera le lieu et la nature la plus précoce des traumatismes psychiques, sous la forme de « violation de l’attente ».

MOTS-CLÉS – identifier, Tact-Pulsion, traumatisme précoce, violation de l’attente.

Luca Quagelli – Identification adhésive et identification projective dans les traitements d’enfants autistes

RÉSUMÉ – Dans cet article, l’auteur précise les spécificités des fonctionnements en identification adhésive et en identification projective dans les traitements d’enfants autistes. Une vignette clinique illustre et détaille ses propos.

MOTS-CLÉS – identification adhésive, identification projective, bidimensionnalité, tridimensionnalité, sensorialité.

Sylvie Reignier – L’attention et le parcours des voies identificatoires

RÉSUMÉ – La clinique des patients limites, mélancoliques, ou névrosés présentant des enclaves autistiques, montre des difficultés dans l’investissement de la pensée, qui altèrent singulièrement l’investissement des voies identificatoires, du passé, et du lien analytique. L’attention est alors à remettre en travail, au sein même du dispositif de la cure, qu’elle soit en PPC ou dans un face à face prolongé, pour restaurer l’arrière-plan libidinal nécessaire au maintien et au déploiement du regard sur soi.

MOTS-CLÉS – attention, psychothérapie psychanalytique corporelle (PPC), regard, voies identificatoires, satisfaction.

Denys Ribas – Caractère et adhésivité

RÉSUMÉ – L’auteur interroge le rôle de l’adhésivité dans l’identification permettant la formation du caractère en soulignant la désintrication pulsionnelle impliquée par le changement de but qui transforme la libido objectale en libido narcissique. Dans la névrose de caractère, la mortification de la cuirasse caractérielle qui rejette ce qui vient de l’autre, la bidimensionnalité qui interdit l’introjection et la dureté évoquent le registre autistique. Le degré de désintrication permet des formes intermédiaires.

MOTS-CLÉS – caractère, identification, adhésivité, désintrication pulsionnelle.

Andrey Rossokhin – Le petit Hans et ses identifications cachées

RÉSUMÉ – L’auteur adopte une approche quantique du processus psychanalytique afin d’étudier les cas du petit Hans et de l’Homme aux loups. Nous pouvons observer que de multiples scènes psychiques variées se déroulent à tout moment et à des niveaux d’identification différents. Cela confère à ces deux cas, bien qu’ils aient des pathologies dissemblables, une identité ambiguë où les identifications ne suivent pas un temps linéaire, mais coexistent dans une temporalité non linéaire ondulatoire.

MOTS-CLÉS – identification, identité, petit Hans, Homme aux loups, approche quantique.

Isaac Salem – Destins des emprunts d’objets

RÉSUMÉ – L’emprunt à l’objet est à considérer d’abord comme une incorporation qui crée un lien fantasmatique cannibalique. Il s’agit de repérer d’où vient tel emprunt ou telle identification dans la cure. Le travail d’élaboration en analyse consiste à lever les refoulements et à réduire un peu les clivages. En conséquence le moi se retrouve réunifié et renforcé. Ainsi il peut accéder à la fonction synthétique et au jugement. Le moi conscient peut alors décider de se séparer de telle identification ou de tel emprunt.

MOTS-CLÉS – identification, emprunt, construction, le moi conscient.

Philippe de Saussure – Une lecture du rapport d’Hélène Suarez-Labat au fil de ses métaphores

RÉSUMÉ – L’article propose une lecture du rapport d’Hélène Suarez-Labat au gré du réseau métaphorique qui s’y déploie. Autour des métaphores principales de « voies identificatoires » et d’« archives », et d’une structure en enchâssement, le rapport étend la notion de phénomène identificatoire et lui donne une dimension prépondérante dans la métapsychologie et la cure. Dans cette perspective, la notion de désidentification pourrait prendre une importance majeure en pratique.

MOTS-CLÉS – psychanalyse, traumatisme psychologique, identification (psychologie), métaphore, Shoah.

Bernard Voizot – Les entraves à la capacité de « s’identifier »

RÉSUMÉ – Les entraves à la capacité de s’identifier peuvent aller jusqu’à des emprises aliénantes. Afin de reconnaître la destructivité à l’œuvre dans la situation analytique, l’analyse du contre-transfert s’enrichit des échanges interanalytiques dans les groupes de travail. L’identification au fonctionnement du psychanalyste donne au patient la possibilité d’intérioriser les qualités de l’écoute dont il a bénéficié.

MOTS-CLÉS – identification, subjectivation, distorsions narcissiques, contre-transfert, groupe inter analytique.