2021, Tome 85-5
DANS CE NUMÉRO | AUTOUR DU THÈME |
Résumés des articles | « Autour du congrès » par Yolanda Gampel |
Éditorial | Rencontre Entretien avec Laurence Kahn |
Thème | Article de référence « Les bienveillantes, de Jonathan Littell » - André Green |
Freud dans le texte |
Françoise Coblence (1949-2021)
Le numéro 4 de l’année 2021 de notre revue était déjà à l’imprimerie lorsque nous avons appris la disparition de notre directrice de 2012 à 2020, Françoise Coblence, le 29 juillet 2021.
Née en 1949, agrégée de philosophie, membre formatrice de la Société psychanalytique de Paris, Françoise Coblence a été professeure émérite d’esthétique à l’université de Picardie Jules Verne, et responsable du Centre de recherches en arts de cette université. Elle a publié Le Dandysme, obligation d’incertitude (Puf, 1988), Les attraits du visible (Puf, 2005), des articles sur Baudelaire et le dandysme, H. Arendt et E. Levinas (notamment dans la Nouvelle Revue de psychanalyse). Elle a dirigé la publication Les fables du visible et l’esthétique fictionnelle de Gilbert Lascault (Bruxelles, La lettre volée, 2003). Elle a publié une cinquantaine de textes psychanalytiques importants, dont Sigmund Freud 1886-1897, dans la collection « Psychanalystes d’aujourd’hui » (Puf). Elle fut rapporteur du Congrès des Psychanalystes de Langue Française de 2010, le titre de son rapport étant : La vie d’âme. Psyché est corporelle, n’en sait rien. Ses plus récentes recherches portaient sur l’articulation de l’esthétique et de la psychanalyse, en particulier autour de l’empathie.
Très attachée à la transmission, elle avait mis en place des séminaires d’écriture de la psychanalyse pour que les collègues soumettent davantage d’articles à la revue, et s’impliquait dans la formation des futurs analystes avec passion, exigence et bienveillance.
Françoise Coblence, la directrice, l’amie, la grande sœur, a guidé les pas du comité de rédaction de notre revue pendant huit ans, initiant une ouverture vers le monde des arts et de la culture, accueillant une extraordinaire diversité de contributions, et regardant constamment au-delà de notre périmètre ordinaire, comme en témoignent les nombreux dossiers qu’elle a coordonnés pour faire connaître à notre public le développement de la psychanalyse dans des pays autres que le nôtre. Audacieuse dans le choix des thèmes qu’elle a élaborés avec le comité de rédaction, sensible à la nouveauté, rigoureuse dans l’utilisation de la métapsychologie, elle savait allier douceur et fermeté dans la direction de cette revue bientôt centenaire, qu’elle a servie avec une remarquable constance et sans compter ses efforts.
Nous avons perdu une collègue remarquable, une compagne de route indéfectible, et pour beaucoup d’entre nous, une amie.
Vassilis Kapsambelis
Directeur de la Revue française de Psychanalyse.
Éditorial
C’est avec enthousiasme que le Conseil du CPLF, en collaboration avec le Comité local israélien et la Société Psychanalytique d’Israël, a préparé le premier CPLF en Israël. Le thème du lieu fit de Jérusalem une évidence.
Nous savions que nous allions nous confronter aux insaisissables réminiscences. L’histoire tumultueuse du Moyen-Orient, la culture éclatée d’Israël, le berceau des monothéismes de Jérusalem, l’intrigante histoire du peuple juif, nous ont fait inviter des scientifiques, écrivains, cinéastes, hommes politiques, philosophes et rabbins, afin de partager leurs propres voies d’inscription de la vie psychique.
Nos anticipations ont été largement dépassées ! Une situation sanitaire imprévue s’est emparée du monde et a imposé le report du CPLF en 2021. Les logiques traumatiques ont été éveillées par une réalité déniée au 20e siècle, les pandémies, alors que celles liées aux abominations des guerres et génocides font l’objet d’un travail de culture discontinu cherchant à accomplir des après-coups libérateurs.
Le thème du Congrès annonçait le traumatique, ses lieux, ses implications dans la topique psychique. Il convoquait aussi l’infini de la spiritualisation (le Makom). Il s’est trouvé actualisé non seulement par les réminiscences et l’état de guerre, mais aussi par le bouleversement des registres sanitaires et politiques du monde entier.
Si l’esprit initial a pu être conservé, la réalisation technique du CPLF 2021 a dû être repensée. Il s’est déroulé en ligne depuis Paris, en contact étroit avec les collègues israéliens. La dimension éclatée s’est trouvée exacerbée et la qualité du congrès enrichie.
Un regret ! Ne pas avoir pu rencontrer nos collègues du monde entier à Jérusalem, et ne pas avoir pu bénéficier de l’ambiance concrète de cette ville.
Un espoir ! Si ce volume témoigne bien de la réflexion portant sur la dimension génocidaire, sur ses effets intrapsychiques, ses transmissions entre générations, ses implications pour tout un peuple et ses réverbérations sur les autres peuples, il porte aussi le souhait d’organiser un futur CPLF à Jérusalem en présence, afin que le tangible et le manquant se combinent aux sources de l’inspiration.
Bernard Chervet
Secrétaire scientifique du CPLF.
Éditorial –
THÈME : ESPACE PSYCHIQUE, LIEUX, INSCRIPTIONS
Rédacteurs : Piotr Krzakowski, Pascal Navarri, Monique Selz
Coordination : Vassilis Kapsambelis, Sabina Lambertucci Mann
Les rapports du CPLF : 1926-2020
Rapport d’Eva Weil et discussion
Eva Weil – Lieux du traumatique, le génocide : le nouage collectif individuel
Alice Buras – Discussion du rapport d’Eva Weil
Rapport de Viviane Chetrit-Vatine et Michel Granek et discussion
Viviane Chetrit-Vatine et Michel Granek – Espace psychique, lieu analytique, Makom
Claude Smadja – Discussion du rapport de Viviane Chetrit-Vatine et de Michel Granek
Le travail du traumatique : effacements et inscriptions
Bernard Chervet – La trace manquante et l’Éros infini
Dominique Cupa – Survivance de la survie et « férocité d’inscription »
Gilbert Diatkine – Inscription et effacement
Ayça Gurdal-Kuey – Le travail du traumatique, effacement, inscription
Traumatismes et influences de l’Histoire
Maxime Benhamou – Le « cas particulier » de l’hébreu : pourquoi cela devrait intéresser la psychanalyse ?
Yolanda Gampel – « Un mur tombe pendant la séance… »
Piotr Krzakowski – Figurer l’indicible : Primo Levi et Art Spiegelman
Isaac Salem – De l’exil à l’exode
Gisèle Vered – Négation de la transmission dans l’espace du kibboutz
Andreas Saurer – Esprit du temps, représentation des traumatismes collectifs et perlaboration
Impasses du traumatique : deuils, mémoire et contre-tranfert
Jacques Angelergues – De l’oubli à l’écoute affectée
Yves Cabrol – Le contretransfert de l’analyste à l’épreuve de la réalité historique
Nicole Minazio – Les entraves traumatiques au travail. De deuil et de mémoire
Hélène Parat – De l’hypermnésie à la mémoire de l’oubli
Michel Picco – Désolation et devoir de mémoire
Brindusa Orasanu – Croire et ne pas croire à ce qui a eu lieu et non
Bernard Voizot – Psychanalyse, topique et lieux de mémoire
Impact du traumatique dans la clinique avec l’enfant et l’adolescent
Évelyne Chauvet – Non-transmission et reniement. L’analyse quand même
Isabel Fonseca Wintsch – À la recherche d’un écho perdu
Martin Gauthier – Visage et voix dans le traitement de l’enfant
Béatrice Ithier – Où partent les pleurs des enfants ?
Traumatismes collectifs et individuels
Elda Abrevaya – Les traumas collectifs, le lien à l’autre accueillant et le lieu analytique
Olivier Bonard – Entre corps et âme, la métapsychologie fragile et durable
Florence Deloche-Gaudez – Une psychanalyste à l’écoute des victimes d’attentats : pour quoi faire ?
Diran Donabedian – Le moi dans l’épreuve de traumatismes collectifs
Philippe Jaeger – Mutisme, silence et traumas collectifs
Christina von Braun – La Shoah – un traumatisme collectif. Et la possibilité d’une « croissance post traumatique »
Katarzyna Walewska – Patients et analystes « dans le même bateau » : traumas collectifs du nazisme et du stalinisme en psychanalyse
Julia Kristeva – La psychanalyse est le lieu de la sur-vivance
Espaces psychiques et topiques éclatées
Françoise Coblence – Atopie et utopie
Alain Gibeault – « Ici le temps devient espace ». Réflexions sur l’espace-temps psychique
Alexandro Henrique Paixao – Tranchée et zone grise : paroles spécifiques sur les espaces, lieux et inscriptions mentales dans la clinique psychanalytique
Georges Pragier – Makom, lieu analytique infini. Shoah, lieu du traumatique
Wilfrid Reid – De l’espace matriciel à l’espace potentiel
Rachel Rosenblum – La Shoah, le divan et la crypte